James Butterwick, marchand d’art londonien déjà réputé, travaille depuis plusieurs années à Moscou et à Londres en se spécialisant dans le domaine de l’avant-garde russe. Il connaît en conséquence les problèmes de ce domaine des deux côtés de la frontière européenne.
Il a adressé une lettre ouverte à l’InCoRM en date du 1er juillet 2011… qui, à ce jour, n’a pas reçu de réponse.
Nous avions publié sa lettre en anglais et la traduction en russe. Voici la traduction française.
Cher Incorm,
Nous avons lu avec grand intérêt vos récents commentaires concernant le livre d’Anthony Parton1 et celui de Denise Bazetoux2 et la façon dont la société artistique moscovite essaie de priver ces ouvrages de toute crédibilité.
Comme de toute évidence, et peut-être à juste titre, vous êtes déterminés à défendre votre position, puis-je vous poser les questions suivantes :
- Pourquoi Sotheby’s ou Christie’s n’acceptent-ils pas vos certificats d’authenticité ? Vous affirmez que les principales maisons d’enchères vendent des peintures grâce à vos certificats, quelles sont-elles ?
- Denise Bazetoux peut-elle confirmer ou infirmer n’avoir jamais été impliquée dans la vente d’une œuvre de Gontcharova, et si oui, a-t-elle accepté de l’argent pour un tel rôle ?
- Pourquoi Denise Bazetoux ou Anthony Parton n’ont-ils jamais étudié les archives de Gontcharova qui se trouvent à Moscou ?
- L’un ou l’autre de ces auteurs pourrait-il attester de la réaction de la Bibliothèque Kandinsky de Paris en ce qui concerne des œuvres douteuses ?
- Pourquoi les œuvres douteuses sont-elles sans provenance alors que les œuvres authentiques en ont une très détaillée ? Toutes les peintures célèbres et originales de Gontcharova ont une provenance détaillée avec un historique des expositions : pour quelles raisons les faux n’en ont aucune ? Peut-être avez-vous tout simplement fait une omission et allez publier ces provenances ? Il est certain que les acquéreurs voudraient être sûrs d’avoir acheté une œuvre authentique.
- Pouvez-vous expliquer pourquoi chaque peinture certifiée par Anthony Parton et Denise Bazetoux est mise en vente pour une petite fraction de sa valeur réelle, si l’œuvre est authentique ? Un exemple récent est la vente d’une version du « Cycliste » chez Tajan à Paris. L’estimation était de 400-600 000 euros tandis que le prix pour une œuvre similaire de Gontcharova était de 4 000 000 euros en 2010. Quelle raison pourriez-vous donner à cette anomalie ?
- Combien de fois Patricia Railing a-t-elle été à Moscou ?
- Un de mes clients a acheté un Exter chez Bonhams avec un certificat de Giorgii Kovalenko. Je lui ai dit de ne pas le faire car c’était un faux. Bonhams ne m’a pas contredit. Pourquoi une maison de vente fait plus confiance à ma parole qu’à celle d’un soit disant expert ?
- Denise Bazetoux a-t-elle reçu une autorisation de la Galerie Tretiakov pour reproduire des œuvres (de Gontcharova, ndlr) de leur collection ?
- Pourquoi les acteurs sérieux du marché d’art occidental refusent-ils les certificats du Comité Malévitch où travaillent Svetlana Dzhafarova, Maria Valyaeva et Patricia Railing ? Pour quelles raisons n’ont-elles pas été invitées à fournir une telle expertise pour le Malévitch qui a été vendu à New York pour 60 000 000 $ ?
- Vous écrivez que seuls Anthony Parton et Denise Bazetoux ont écrit une monographie sur Gontcharova et que pour cette raison personne d’autre n’a le droit d’émettre de commentaires. D’autre part, Andréi Nakov a écrit une monographie sur Malévitch. Quelle est son opinion sur les certificats du Comité Malévitch où figurent Svetlana Dzhafarova et Maria Valyaeva ? Y a-t-il une seule œuvre qu’elles aient certifiée incluse dans sa monographie ?
- Patricia Railing peut-elle expliquer pourquoi ses certificats concernant des œuvres de Malévitch se rapportent à des peintures dont la valeur marchande est environs 10% de celle d’une peinture authentique ? J’ai vu récemment son certificat se référant à une version de la « Moisson ». Serait-elle prête à la comparer à la peinture originale ?
- Seriez-vous prêts à accepter qu’une œuvre déclarée douteuse soit confiée à un expert chimiste indépendant ?
- Pouvez-vous révéler qui sont les propriétaires de ces œuvres douteuses ? Vous mentionnez de façon confidentielle leur provenance, les propriétaires seraient certainement intéressés que soit écarté tout doute.
- Vous prétendez que toutes les œuvres dans ces deux livres sont 100% authentiques. Quelles garanties pouvez- vous donner à ce sujet et pouvez-vous expliquer l’anomalie suivante : dans le livre de Bazetoux, certaines œuvres sont de Gontcharova (?) tandis que dans le livre d’Anthony Parton la question n’est pas soulevée ?
- Quelle est votre opinion sur les Exter de l’exposition de Tours 2009 ?
- Puisque vous mettez en doute la parole des russes, nous voudrions proposer que quelques unes de ces peintures mises en doute soient apportées à Moscou pour être comparées avec les originaux de la Galerie Tretiakov. Nous vous garantissons de les réexpédier à n’importe quel endroit d’Europe.
- Contestez-vous la présence de faux sur le marché d’œuvres russes ? Donnez, s’il vous plait, des exemples concrets.
- Les accusations que nous formulons à votre encontre sont sérieuses. Pourquoi n’en avez-vous pas averti vos avocats ?
Cordialement,
Etc. etc. etc.
James Butterwick
Note
1. Anthony Parton, Goncharova. The Art and Design of Natalia Goncharova
2. Denise Bazetoux, Natalia Gontcharova, Son œuvre entre tradition et modernité
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