L’exposition au château de Tours s’était ouverte en janvier.
(Photo archives NR)
Tours. Suspicion de faux autour des œuvres d’Alexandra Exter exposées au château de Tours. Elles ont été placées sous scellés.
Une affaire ? Plutôt une polémique. N’empêche qu’il s’agissait, selon l’éditorial signé Jean Germain dans le catalogue de l’exposition « de l’évènement culturel de l’année » pour la ville de Tours.
Fin janvier, s’ouvrait, au château de Tours, la plus grande rétrospective consacrée à l’artiste russe Alexandra Exter (décédée en 1949) et à quelques-uns de ses amis nettement plus connus comme Kandinsky, Malevitch ou Ter Ovanessian. Au total, près de 300 œuvres dont 150 d’Alexandra Exter, méconnue en France mais qui a participé à toute l’aventure du constructivisme russe.
Un évènement qui s’est terminé la semaine dernière en queue de poisson puisque des services spécialisés de la police judiciaire parisienne sont venus à Tours afin de placer l’ensemble des tableaux d’Alexandra Exter sous scellés et de les emporter en lieu sûr. Pour comprendre les ressorts de ce dossier, il faut savoir que les tableaux avaient été prêtés par un collectionneur qui a souhaité conserver l’anonymat bien qu’il dispose sur Internet d’un site extrêmement développé sur l’œuvre de l’artiste. Il s’y présente comme un expert spécialiste de ’avant-garde russe et membre du Syndicat français des experts français en œuvres d’art.
Il existe toutefois une association détentrice d’un droit moral sur les œuvres d’Alexandra Exter, présidée par un ayant droit qui a déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Tours en affirmant que les tableaux exposés étaient des faux. Ils auraient été peints à la manière d’Alexandra Exter mais pas de sa main.
Selon nos informations, les œuvres exposées ne possédaient pas de certificats d’authenticité. Ce qui n’étonne pas un Tourangeau, ancien galeriste connu et spécialiste du marché de la peinture : « Ces certificats sont délivrés par l’ayant droit moyennant des sommes parfois faramineuses. Il est très possible que le propriétaire des toiles se soit refusé à payer. Les querelles d’experts font partie de la vie économico-artistique du milieu. Je ne vois pas l’intérêt d’exposer des toiles si l’on sait qu’il s’agit de faux. A moins d’utiliser la caution de l’exposition pour les revendre ensuite. »
Une contestation existerait également autour de la signature des tableaux et un expert en signatures est venu les étudier.
Hier soir, la mairie de Tours se refusait à tout commentaire, se bornant à indiquer qu’elle étudiait la possibilité de se constituer partie civile selon les suites du dossier.
Michel Embareck
la Nouvelle République
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