Depuis la fin du mois d’octobre dernier un accrochage d’œuvres attribuées aux artistes majeurs de l’avant-garde russe, dont Exter, a eu lieu au Musée des Beaux-Arts de Gand (Flandres).
Cette présentation a provoqué une vive réaction dans la communauté artistique européenne et dans celle russe en particulier. Igor Toporovski, adversaire acharné de l’Association Alexandra Exter est au centre de l’évènement que la presse internationale désigne désormais avec le terme de « scandale », car suite à une levée générale des boucliers dans la presse artistique l’exposition de Gand a été fermée. Suite à une lettre collective signée le 6 mars 2018 par plusieurs directeurs de musées belges (voir news.artnet.com) et d’un texte paru dans le journal De Standaart le 7 mars 2018, Catherine de Zegher, la directrice du Musée des Beaux-Arts de Gand vient d’être démise le même jour de ses fonctions (voir www.lesoir.be).
L’affaire de Gand est loin d’être terminée car des journalistes russes se sont lancés dans la vérification des références fournies par le propriétaire des œuvres et les références éclatent l’une après l’autre comme des bulles de savon.
Après de nombreux textes dans la presse internationale (en particulier dans le Art Newspaper de Londres et le Art Newspaper Russia) on trouvera ici le premier article conséquent paru dans la presse française : La Croix.
Dans ses déclarations à la presse le propriétaire des œuvres a fait état de l’« authentification » des peintures attribuées à Alexandra Exter par la justice française de Tours, peintures qui ont été saisies, car elles ont été prêtées en 2009 à l’exposition de Tours et une de ses œuvres — « Florence » qui serait de 1914, figurait dans l’accrochage de Gand.
Trois peintures appartenant à Igor Toporovski ont été dans un premier temps effectivement saisies avec l’ensemble de l’exposition par la Police française. Suite à deux expertises contradictoires pratiquées sur « Florence » », les 3 peintures appartenant à Igor Toporovski ont été restituées à leur propriétaire.
L’on retiendra que les examens pratiqués sur la peinture « Florence » se sont cantonnées au domaine des seuls pigments. Or, l’on rappellera que l’étude des pigments n’est qu’un stade préliminaire à toute étude en profondeur d’une œuvre d’art, les pigments de l’époque 1900-1920 étant, à quelques exceptions près, disponibles à ce jour. (Il en est de même pour les papiers anciens et autres matériaux – par exemple des toiles, qui, une fois grattées, peuvent –être réutilisées, ceci étant une pratique courante des faussaires).
Une œuvre plastique (peinture, gouache ou autre) est constituée de formes et ce sont ces formes donc leur réalisation qui, en définitive, demandent d’être examinées en cas d’interrogations relatives à leur attribution à tel ou autre artiste. Seule une étude en profondeur de l’œuvre d’art permet de s’approcher du processus créateur, c’est-à-dire du travail de la main de l’artiste et donc de formuler un avis par rapport à l’attribution d’une œuvre. Ces études sont réalisées grâce aux différentes techniques non destructives et en premier lieu par des simples radiographies. (Aujourd’hui on connait plusieurs techniques d’examen en profondeur d’une œuvre, techniques d’investigation radiographique encore plus performantes, qui permettent d’analyser différentes strates de peinture).
Or Igor Toporovski a refusé que la peinture « Florence » soit soumise à une étude radiographique, demande qui a été formulée par l’Association Alexandra Exter.
Il en a été de même avec les objets présentés à Gand dont Catherine de Zegher, la directrice du musée, a affirmé à plusieurs reprises être en mesure de présenter la « documentation » (laquelle ?), une documentation qui se fait toujours attendre.
Les peintures présentées dans l’accrochage du Musée des Beaux-Arts de Gand ayant été saisies, on espère qu’elles subiront des études matérielles approfondies ce qui avancera notre connaissance par rapport à leur attribution à tel ou autre main.
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