Ouverte le 30 janvier au château-musée de Tours, l’exposition « Alexandra Exter et ses amis russes » a été fermée prématurément le 19 mars, et l’ensemble des 192 tableaux présentés ont été saisis à la suite d’une plainte de l’historien d’art Andréi Nakov (Le Monde du 27 mars). Il estime que sur l’ensemble, seules deux œuvres sont authentiques, « et encore, sous réserve », précise-t-il : « J’ai fourni aux magistrats des arguments pour prouver mes dires, il y a des indices, des provenances douteuses, et les signatures ».
Sur les conseils de son avocat, M. Nakov s’était adjoint deux graphologues, qui ont examiné les signatures de l’artiste et les ont déclarées fausses, « un argument massue », selon lui, qui a terminé de convaincre les magistrats. « Les archives qui accompagnaient l’exposition sont toutes aussi fantaisistes, insiste-t-il. Il y a des dédicaces rédigées en hongrois ou en scandinave, et un catalogue dont le tampon prouve qu’il a été volé au musée de Prague ».
AU NOM DU DROIT MORAL
L’exposition a été organisée par un autre expert d’art russe, Jean Chauvelin. […] M. Nakov considère pour sa part devoir agir au nom du droit moral de l’artiste. Alexandra Exter (1882-1949) était une constructiviste russe qui a créé des tableaux, mais aussi des affiches, des décors de théâtre et de cinéma, ainsi que des costumes de scène. Morte en 1949, elle aurait transmis ce droit en même temps que d’importantes archives au peintre Simon Lissim (1900-1981), qui les aurait lui-même légués à M. Nakov.
Sur les 192 tableaux saisis par l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels [O.C.B.C., Ndlr], 130 appartiennent à M. Chauvelin, qui n’a pas pu fournir aux policiers de certificats d’authenticité pour les toiles.
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