Qui a réellement créé la « collection des chefs-d’œuvre » d’Igor Toporovski ?
D’après l’article d’Ivan Petrov paru dans le quotidien russe de référence les Izvestia du 13 février 2020.
En décembre de l’année dernière, Igor Toporovski, galeriste d’origine russe connu par un scandale a été accusé par la police belge de fraude et de dissimulation de revenu. À l’origine de la dénonciation de ce marchand d’art se trouvent des policiers russes, qui depuis plus de 15 ans se posent à son sujet une longue liste de questions. Voici les détails du scandale belge de l’avant-garde russe grâce aux Izvestia.
Le scandale de l’avant-garde russe a atteint son apogée en octobre 2017 juste après l’ouverture d’une exposition au Musée des Beaux-Arts de Gand (MSK). Les connaisseurs de l’avant-garde russe ont bombardé l’administration du musée de lettres et de commentaires sur les réseaux sociaux exprimant leurs doutes sur l’authenticité des œuvres présentées. Leurs récriminations ont été finalement résumées dans une « lettre ouverte », signée par des galeristes fiables, des héritiers des peintres avant-gardistes et des experts du domaine de l’art pictural. Après une telle réaction, les autorités ont mené une instruction rigoureuse, l’exposition a été fermée, et en décembre de l’année dernière Igor Toporovski et sa femme ont été arrêtés. Les peintures d’authenticité douteuse appartenaient à la fondation « Dieleghem », liée au couple Toporovski. Mais comment les experts d’art ont-ils été alertés ? C’est le fait que les travaux exposés au Musée de Gand ne possédaient pas de provenance, personne n’en avait jamais entendu parlé. En ce qui concerne le style, ils n’atteignaient pas le niveau des peintres auxquels les tableaux étaient attribués : Vassily Kandinsky, Kazimir Malevitch, Vladimir Tatline, Natalia Gontcharova, Alexandra Exter, El Lissitzky. Les objets les plus douteux étaient un rouet et un coffre, prétendument peints par Kazimir Malevitch. Aucun des tableaux n’avait de provenance.
Personnalité entreprenante
Igor Toporovski est né en 1966 à Dniepropetrovsk. En 1988, il a terminé la faculté historique de MGU (l’université d’État Lomonossov de Moscou) et, en 1992, il a soutenu sa thèse « Formation de l’espace culturel en Europe ». Toporovski a travaillé à l’institut de l’Europe ASR (l’académie des sciences de Russie). Quand il s’adressait à la presse étrangère, il se présentait comme le conseiller de Mikhaïl Gorbatchev et « diplomate secret » de Boris Eltsine. Lors d’une interview, il a raconté en quoi consistait sa mission au niveau du siège de l’Union Européenne et de l’OTAN à Bruxelles : il disait qu’il s’occupait de l’organisation des visites internationales des parlementaires en Belgique et d’autres évènements protocolaires. Au milieu des années 1990, Toporovski a vainement tenté de devenir membre de la Douma (Assemblée fédérale de Russie). À l’époque, il affichait déjà une tendance à l’exagération. Par exemple, dans des documents, il se faisait appeler « directeur » de l’Institut de politique extérieure et des relations internationales qui s’est avéré ne pas être une institution académique, mais une organisation non gouvernementale (ONG). En outre Toporovski aimait bien se vanter de sa collection d’avant-garde russe.
Où sont vos sources
Toporovski a toujours répondu de façon évasive à toute question concernant la provenance de sa splendide collection. Cependant, dans ses nombreuses interviews, il donnait trois sources principales d’acquisition. La première version : l’achat des chefs-d’œuvre dans les années 1990. La deuxième version : l’héritage familial. Le fait est que la femme de Toporovski, Olga (avant mariage Pevsner), aurait eu des liens de parenté avec les frères Antoine Pevsner et Naum Gabo, peintres d’avant-garde. D’après Toporovski, ils collectionnaient des tableaux et, avant d’émigrer, auraient laissé leurs collections à leur famille. La troisième version : la collection proviendrait du collectionneur bien connu Georges Costakis. Les journalistes qui ont tenté de vérifier ces légendes n’ont trouvé aucune preuve sur ces origines.
Les conservateurs des musées hollandais ont jugé de façon négative la décision de Catherine de Zegher, la directrice du Musée de Gand, d’exposer les tableaux sans aucune provenance de la fondation Dieleghem. Les conservateurs ont raconté à la presse qu’ils avaient précédemment refusé d’exposer les tableaux de Toporovski. Le couple essaie depuis longtemps de faire exposer leur collection dans un musée décent. Manifestement pour blanchir les œuvres contestables. Mais de 2015 à 2017, leur exposition a été refusée par plusieurs institutions culturelles majeures. En particulier, la collection a semblé douteuse au directeur du Musée National d’histoire et d’art du Luxembourg (MNHA) Michel Polfer. Plus tard, il dira à la revue belge « The Art Newspaper », qu’il a été choqué par l’abondance de tableaux de peintres de première importance, qu’il a pu voir dans l’appartement de Toporovski lors de leur discussion concernant l’organisation d’une l’exposition. Polfer a commencé à poser des questions concrètes concernant la provenance des tableaux : où et quand ont-ils été exposés, ont-ils figuré dans des catalogues. Mais il n’a reçu qu’une réponse assez laconique : c’est la collection familiale de Madame Toporovski (Pevsner). Alors le conservateur a essayé de trouver comment ces toiles inestimables ont quitté si facilement la Russie. Toporovski a déclaré qu’il occupait un poste élevé dans l’administration et a reçu à ce titre directement du président de la Russie la permission d’emporter les œuvres, a raconté Polfer au journal belge « De Standaard ». Cette étrange explication a intrigué le conservateur. Il a constaté sur Internet qu’en 2009, quatre tableaux de la Fondation ont été saisis à Tours à cause de suspicion de fraude. En outre, les plus grands musées, non seulement européens, mais aussi américains auraient dû entrer en compétition pour acquérir une pareille collection. Finalement Polfer a refusé.
Le conservateur hollandais Filip Van Den Bossche, qui a longtemps travaillé au musée Van Abbe d’Eindhoven a aussi reçu une proposition d’organiser une exposition de la fondation de Toporovski. Mais il n’a pas accepté l’offre car il savait très bien qu’il n’existe pas sur le marché un tel nombre d’œuvres avant-gardistes, en particulier de Lissitzky (le musée Van Abbe possède la deuxième plus grande collection de Lissitzky).
On estime qu’avant d’exposer la collection des Toporovski, la directrice du Musée de Gand, faute de documents et de provenance concernant les toiles, aurait dû solliciter l’aide d’historiens d’art compétents dans le domaine de l’avant-garde russe.
Le fait qu’elle ait ouvert les portes du musée qui lui a été confié à Toporovsky a une explication assez simple : elle fait partie du « conseil scientifique » de la fondation « Dieleghem ». On a suspecté un conflit d’intérêts et elle a été destituée de son poste. Mais par la suite, elle a été rétablie dans ses fonctions – aucune preuve d’intention malveillante de sa part n’a encore été trouvée. Le fait d’avoir la possibilité de gains pécuniaires justement grâce à l’organisation de l’exposition soulève clairement la question. En accord avec les statuts déclarés de la fondation Dieleghem, il était en effet possible de vendre n’importe quelle toile de l’exposition avec la permission du comité de direction de la fondation.
Cependant, malgré l’intérêt pécuniaire, Catherine a pu facilement tomber sous le charme de Toporovski. Cet homme était l’ami du beau monde local. Les promoteurs de sa reconnaissance publique en Belgique étaient le maire de la ville de Jette, Hervé Doyen, le banquier puissant et gestionnaire d’art, Christian Pinte et encore un certain nombre de fonctionnaires fédéraux belges. Que pouvait-on attendre de la directrice du musée, alors que Toporovski envisageait de couvrir 40 à 60% de dépenses pour la restauration du château Dieleghem dans la banlieue de Bruxelles (l’immeuble a été acheté à la municipalité grâce à… des subventions publiques). Ainsi, il a réussi à convaincre des fonctionnaires d’état d’investir des ressources budgétaires dans son projet de création de la Mecque de l’avant-garde russe.
L’histoire des pigments à Tours
Au XXIème siècle, la dénonciation d’œuvres falsifiées est associée à de nouvelles technologies d’identification des pigments utilisés lors la création de la toile. C’est exactement à ce type d’examen qu’est lié le premier fiasco de Toporovski. Des spécialistes ont trouvé des toiles fausses lors de l’exposition « Alexandra Exter et ses amis, les peintres russes », organisée avec l’aide de Toporovski en 2009 dans la ville française de Tours. Des experts ont constaté que des pigments utilisés dans la peinture « Florence », attribuée à Exter, avaient été brevetés seulement en 1921. Un autre expert a qualifié la composition d’« impossible » et les coups de pinceau de « naïfs ». Mais peu après, ce dernier expert a soudainement modifié ses conclusions – une restauration de la toile a pu avoir lieu et il aurait pu se tromper. « J’ai pu prendre l’échantillon de la partie restaurée », a corrigé l’expert et, par là même, écarté sa conclusion précédente du point de vue juridique. La position de l’expert a non seulement permis à Toporovski de récupérer les toiles saisies mais aussi de déclarer leur « authenticité prouvée ».
Les aventures russes de Toporovski
Cette fois, Toporovski aurait probablement pu sortir sec de l’eau, le scandale aurait pu s’apaiser selon le scénario de Tours – les trois meilleurs avocats du pays sont à sa disposition. Mais les enquêteurs du ministère de l’intérieur de Russie (MVD) sont venus à l’aide de leurs collègues belges. Les agents russes ont découvert la véritable histoire de la provenance des toiles de Toporovski et ont fourni des preuves à leurs confrères belges. Il s’agit de témoignages détaillés des participants et des complices d’un système qui a été mis en place par Toporovski, selon la version de l’instruction. Les fonctionnaires de la police judiciaire ont trouvé les personnes qui ont falsifié la collection. Ils ont aussi trouvé l’auteur des principaux tableaux au centre de ce scandale. À travers l’OIPC, les enquêteurs de la Direction générale des enquêtes criminelles de Russie (GUUR) ont donnée toutes les informations nécessaires à leurs collègues belges. Ultérieurement, dans le cadre d’une mission internationale, les représentants de la justice belge se sont déplacés en Russie, où, avec les officiers du GUUR et les enquêteurs de Moscou et de Saint-Pétersbourg, ils ont mené toutes les investigations nécessaires.
Un roi se présente toujours dans l’aura de sa suite royale. Et la suite de Toporovski était particulière. Pour le moins, des hommes avec une réputation douteuse. L’un d’eux est un certain « P » (dans l’intérêt de l’instruction, nous ne nommons pas les personnes impliquées dans l’affaire par leur nom). Cet homme, selon une source policière, se présentait toujours quand il était question de sommes d’argent importantes. De cette façon, bien que n’ayant pas de formation spécialisée, il s’est introduit dans le cercle des marchands d’art.
De faux chefs-d’œuvre à dos de « chameaux »
Au cours de son interrogatoire, « P » a déclaré aux enquêteurs avoir rencontré Toporovski grâce à la connaissance de certains directeurs de musées et de galeristes. Un galeriste, résidant en Belgique depuis 2009, a proposé à « P » de trouver et de lui livrer des toiles peintes dans le style de célèbres peintres russes – Malévitch, Kandinsky, Chagall, Gontcharova et autres. Le prix maximal pour une toile présentée à Toporovski, était de 10 000 €. De 2010 à 2017, « P » a vendu à Toporovski environ 500 toiles – une partie desquelles a été achetée à un marchand de Saint-Pétersbourg « X », un restaurateur, bien connu d’un petit cercle, compétent dans le domaine pictural. Une autre partie a été réalisée par un peintre talentueux venant aussi de Saint-Pétersbourg. Il s’agit d’un étranger qui a acquis la nationalité russe grâce à ses éminentes capacités dans le domaine pictural. C’est un peintre de talent, auteur de paysages, professeur dans un établissement d’enseignement supérieur spécialisé : « ». « P » a commencé à l’emmener dans des expositions d’art européennes pour que ce dernier étudie en profondeur la manière des maîtres et les détails de leurs techniques.
Toporovski faisait passer les toiles crées par « T » pour des œuvres de Chagall, Malevitch et autres auteurs. C’est ce qu’a confessé « P » aux détectives russes, puis à leurs collègues belges. La scandaleuse exposition de Gand, parmi d’autres, comprenait des tableaux de « T », qui ont été reconnus comme faux par des experts spécialisés. Lors de l’instruction, « P » a estimé les gains de Toporovski à environ 40 millions de dollars.
Au cours de l’été 2018, les policiers ont arrêté « P », son partenaire-marchand « X » et aussi un autre membre de la lucrative entreprise « Z », lors d’une transaction au profit de Toporovski à Saint-Pétersbourg. « X » a trouvé une composition « architectonique » avec une signature « K. Malevitch » et l’a vendue pour 2 500 euros à « P ». Le revendeur et son ami « Z » pensaient transporter l’article en Belgique via la Biélorussie et le vendre à Toporovski pour 15 000 euros. Un trajet si difficile n’était pas choisi par hasard – des centaines de toiles traversaient la frontière sans aucune déclaration, car elles n’avaient aucune valeur. Mais la signature « K. Malevitch » sur l’architectone pourrait causer des problèmes à la douane. Néanmoins, les bussinessmen n’ont pas pu atteindre le bureau de douane : ils ont été arrêtés par les détectives russes. Peu après, P », un ami commun à lui et à Toporovski a été recruté, mais il a bien clairement exigé de ne pas témoigner en ce qui concerne la livraison des toiles en Belgique.
Dans le jargon du commerce, on nomme ce type d’intermédiaire transportant des toiles d’un pays à un autre des « chameaux ». « P » a, en fait, assumé de telles fonctions dans l’intérêt de Toporovski, mais ses tâches dépassaient le cadre de simples services de courrier.
Il était une fois un peintre….
La rencontre de « » et de « P » a commencé impétueusement – l’homme de Toporovski a littéralement fait irruption dans l’atelier du peintre, se présentant indûment comme un acheteur important. « P », à la manière du maître, a inspecté son lieu de travail, ses toiles et l’a assuré qu’au lieu de peindre des paysages, il pourrait exporter facilement sa production en passant par la Croatie plutôt que depuis Saint-Pétersbourg. Le revendeur prenait en charge tous les frais du voyage. Au début « P » disait que les toiles étaient destinées à des hôtels, que le client voulait décorer dans le style de l’avant-garde. Mais, avec le temps, « T » a découvert qu’il travaillait pour Toporovski. Par l’intermédiaire de « P », le commanditaire a non seulement demandé de peindre des tableaux, mais aussi des anciens instruments musicaux, des pianos et autres antiquités dans le style de l’avant-garde. « T » a entrepris ce travail avec enthousiasme. « P » photographiait les toiles et les envoyait à Toporovski qui était ravi. Mais, peu après, le peintre a commencé à comprendre que l’affaire n’était pas saine lorsque le commanditaire a catégoriquement rejeté sa proposition de recouvrir le tableau de vernis. « T » a compris que Toporovski avait son propre restaurateur, qui, au dernier moment, signait ses pièces avec les noms de grands peintres. Par la suite, quand on lui a présenté ses anciennes toiles ses soupçons ont été confirmés. Le peintre a confessé aux policiers qu’il avait été intimidé par « P », celui-ci ayant des amis dans le monde du crime. Cependant, les investigateurs n’excluent pas que le peintre savait tout depuis le début. Néanmoins, il a aidé la justice – en particulier en identifiant ses peintures, figurant à l’exposition scandaleuse de Gand. Il a aussi confessé que les objets les plus bizarres exposés au musée de Gand – le rouet et le coffre, prétendument peints par Malévitch, étaient ses œuvres. Il est à noter que, dans des instituts de type académique, les étudiants apprennent en copiant les peintres majeurs – c’est une pratique courante, bien légale.
Un détail important caractérise « P » : il n’a pas payé le peintre pour son travail. Ce dernier n’a reçu qu’une petite partie de ce qu’il devait recevoir et il n’a pas réclamé cette dette, car il craignait pour sa vie.
Un autre partenaire de « P », le galeriste « X » se plaignait aussi de l’absence de fiabilité. Lui aussi a tout raconté à la police russe ainsi qu’à la police belge. Il a expliqué comment, à Saint-Pétersbourg, il cherchait des toiles dans le style de l’avant-garde pour « P ». Il n’aurait cependant jamais rencontré Toporovski.
Du four – au vernissage
« T » est devenu un vrai diamant pour le business de Toporovski et de « P ». En fait, il était un laboratoire mobile de création de faux chefs d’œuvres. Les « chameaux » n’avaient plus besoin de transpirer et de trembler lorsqu’ils traversaient le « couloir vert » dans les aéroports ou lors de l’inspection des bagages dans les trains (« P » étant aérophobe, il prenait très rarement l’avion). Une fois, il a quand même loué l’avion d’une équipe de football russe bien connue pour transporter un grand nombre de toiles en Europe. Les dépenses (environ 100 000 dollars) ont été couvertes par Toporovski. Avec l’apparition de « T » de pareilles difficultés ont partiellement disparu. La principale « machine-outil » travaillait en Europe. En particulier certaines toiles de l’exposition de Gand ont été peintes par « T » à Vienne et d’autres en Croatie.
Toutes les toiles apparues dans le scandale de Gand (24 pièces) ont été présentées à « P » pour identification. Le revendeur n’a écarté qu’une seule toile : « Tibet ».
Une simple imitation ne suffit pas pour que les gens croient en l’authenticité de la toile. Ils ont aussi besoin d’une provenance (au moins une légende vraisemblable et noble) et des astuces techniques masquant la fraude. Certes, il est très difficile de tromper un expert de haut niveau, mais il n’y en a pas beaucoup de par le monde. La toile a besoin d’avoir des qualités physiques spécifiques : ajout de « traces du temps », choix de la bonne peinture pour peindre les détails – tout ceci est un travail délicat qui est bien connu des restaurateurs et des peintres professionnels.
Pour la création des toiles de Toporovski « T » a lui-même choisi les toiles et les peintures dans des magasins spécialisés, en particulier en Autriche. Ensuite, selon les enquêteurs, les fausses toiles ont été séchées dans des fours spécialisés dans des conditions précises. De cette façon, on « vieillit » les toiles pour les faire passer comme des toiles d’une certaine période.
Ceux qui ont souffert
La principale source de la fortune de Toporovski (selon une source Izvestia, 30 millions d’euros seulement auraient été déclarés) saisie en espèces et sur certains comptes bancaires provient de la vente de toiles à de riches investisseurs. Des collectionneurs russes ont ainsi acheté des toiles à Toporovski pour des sommes exorbitantes. Certains d’entre eux ont été retrouvés et interrogés par les enquêteurs. Mais un seul a déposé une plainte en justice.
« Ce sont des hommes riches, qui ont du pouvoir dans la société. Pour eux, oublier 10 millions de dollars donnés à un escroc est plus facile que d’avouer publiquement qu’ils ont été trompés », a déclaré aux Izvestia une source du ministère des Affaires intérieures de Russie (MVD). Les grandes fortunes étrangères s’avèrent être plus avares. Certaines victimes retrouvées par la police belge envisagent de poursuivre Toporovski en justice et espèrent récupérer leur argent, malgré le risque pour leur réputation.
« Nous instruisons cette affaire depuis la fin de la décennie précédente. L’accusé s’est enfuit à l’étranger au moment où les nuages ont commencé à s’amonceler. Pour nous c’est une question de principe. Le pire dans cette affaire ne consiste pas dans le fait que Toporovski ait trompé des millionnaires mais que cet homme ait falsifié la culture nationale. Méthodiquement et systématiquement, il a essayé de remplacer des œuvres uniques, des idées élevées des meilleurs peintres de la Russie par des contrefaçons, des nullité », a conclu l’officier du MVD.
Mais il est trop tôt pour mettre un point final à cette histoire, croit l’interlocuteur des Izvestia. Le nombre de fausses œuvres de l’avant-garde russe saisies chez Toporovski est extrêmement important. Voilà pourquoi les enquêteurs poursuivent leur travail pour identifier tous les participants de l’affaire Toporovski. Selon les informations disponibles, ce sont des restaurateurs, des peintres, mais aussi des marchands, liés au trafic d’œuvres d’art qui ont participé à ces crimes.
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